Le gouvernement, afin de réduire la dette de la France, envisage de taxer les boissons sucrées dont les sodas. Cette annonce a suscité de nombreuses réactions. Essayons de comprendre les éléments du débat.
Agir contre l’obésité ?
L’argument mis en avant pour justifier la mise en place de cette taxe est la lutte contre l’obésité.
On ne peut pas attribuer aux seules boissons sucrées son origine et sa progression. Les facteurs de l’obésité sont multiples et lorsque l’on s’intéresse aux problèmes de poids, on se rend compte qu’ils sont plus complexes qu’un simple rapport à la nourriture. De nombreux paramètres interviennent, qu’ils soient nutritionnels, génétiques, environnementaux, comportementaux ou psychologiques.
Certes les boissons sucrées font partie des aliments qui ont un rôle important dans l’épidémie d’obésité, mais ils ne sont pas les seuls. Alors pourquoi taxer les boissons sucrées plutôt que les aliments gras par exemple ?
Une vraie politique de santé publique pour lutter contre l’obésité et le surpoids doit donc être beaucoup plus globale (comme le PNNS* par exemple).
Ne nous trompons pas : le but de la taxe est de réduire le déficit, la lutte contre l'obésité est un uniquement un argument ; ce n'est pas un moyen de lutte contre l'obésité.
Le début d’une prise de conscience.
Néanmoins la mise en place de cette taxe nous pousse à une prise de conscience nécessaire.
Quels rôles doivent avoir ces boissons dans notre alimentation ?
La fonction première des aliments que nous consommons est de couvrir les besoins nutritionnels de notre organisme. Ils permettent d’apporter les nutriments (protéines, glucides, lipides, vitamines, sels minéraux…) nécessaires à notre corps. Le rôle d’une alimentation équilibrée est de s’assurer que tous les besoins nutritionnels du corps sont satisfaits.
Mais manger ce n’est pas que cela. C’est aussi prendre du plaisir par les saveurs des aliments que nous consommons.L’idéal étant de manger des produits qui ont un grand intérêt nutritionnel et qui ravissent nos pupilles gustatives.
Pour certains aliments, les apports nutritionnels intéressants (vitamines, sels minéraux,…) sont pauvres (pour ne pas dire inexistants) alors que l’apport calorique est élevé. De ce fait ils contribuent à la prise de poids. Ils ont l’avantage (pour certains d’entre nous) d’être des aliments "plaisir". Ils doivent être consommés en tant que tel, c'est-à-dire occasionnellement.
Les boissons sucrées sont dans cette catégorie. Ce qui devient préjudiciable, c’est lorsque « l’occasionnel » devient trop fréquent et que ces boissons prennent la place de la seule boisson indispensable : l’eau. Toutes les calories apportées par ces boissons inutiles à notre organisme sont stockées petit à petit.
La taxe appliquée à ces produits ne parait donc pas illogique puisqu’elle permet de mettre en relief le caractère non indispensable à notre alimentation de ces boissons. Si nous leur redonnons leur juste place (1 verre occasionnellement) alors le plaisir de les consommer sera plus intense, sans pénaliser notre corps ; cette taxe n’aura pas d’incidence sur notre budget bien au contraire : l’eau coûte bien moins cher ! A condition de ne pas remplacer ces boissons par des produits lights qui n’ont pas plus d’intérêt nutritionnel que les boissons sucrées et qui maintiendront le besoin de boire sucré…
C’est donc le début d’une prise de conscience, mais pour une réelle lutte contre l’obésité il ne faut pas en rester à cette seule taxe !
Le travail d'éducation nutritionnelle que nous faisons au quotidien dans nos cabinets, a bien pour but de redonner aux aliments leur place dans notre alimentation en couvrant les aspects nutritionnels mais également hédoniques : soyons gourmets !
* PNNS : Plan National Nutrition Santé
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