Le Bio, bon à la santé ?

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Le Bio, bon à la santé?

Article de Consoglob

Le Bio, bon pour la santé ?
Ce titre n’est pas une simple provocation mais une question sur laquelle se penchent sérieusement des chercheurs.
Que vaut le bio pour notre santé ?
De fait, l’agriculture biologique –organic en anglais – n’est plus un phénomène marginal propre aux pays riches et il existe un débat. On sait que le bio nous préserve des toxiques, OK. Mais le bio est-il, en soi, un plus ? Ce débat porte sur la question des bienfaits (ou non) du Bio pour la santé et agite beaucoup de monde.
Malgré son succès, la promotion du bio repose sur un malentendu fréquent :
· La plupart des consommateurs achètent des produits BIO parce qu’ils ne nuisent pas à l’environnement et car ils sont sûrs d’obtenir des produits sans pesticides ou produits chimiques ET parce qu’ils sont meilleurs pour leur santé que les produits traditionnels. Les produits bio sont d’ailleurs fort appréciés des consommateurs : 89% des femmes interrogées après avoir testé des produits cosmétiques bio se disent prêtent à les réutiliser !
· De nombreux ouvrages expliquent combien les produits chimiques qui se sont répandus par milliers dans notre alimentation, nos cosmétiques, … sont nuisibles à notre santé. De fait, les mamans achètent des produits biologiques pensant donner le meilleur à leurs enfants ; elles se soucient de l’influence de la nourriture sur la santé car le bio serait plus sain. Est-ce vrai ? Selon certains, il semblerait que non.
On sait déjà que parfois, certains s’opposent au bio parce que certains produits bio doivent parcourir de très longues distances et ont donc un mauvais bilan énergétique ou écologique. C’est vrai notamment dans le cas des produits bio équitables qui sont importés de pays lointains. Mais en fait, le problème ne vient pas seulement de la distance : ce qui est en cause est la qualité sanitaire des aliments.
Certains comme le secrétaire à l’environnement du gouvernement anglais ont déjà mécontenté les partisans de l’agriculture Bio après avoir affirmé que manger Bio est un « choix de vie » qui ne garantit pas une meilleure qualité nutritionnelle. Un scientifique proche du gouvernement avait alors expliqué que les aliments Bio ne sont pas meilleurs que ceux traités classiquement aux engrais et pesticides.
Les normes définissant le BIO sont un bénéfice pour l’environnement car elles excluent tout pesticide, fongicide, fertilisant, antibiotique, polymère, etc…La France est le 1er pays européen pour l’utilisation de pesticides avec 78 000 tonnes de produits phytosanitaires répandus dans les champs. Les produits phytosanitaires, qui sont présents dans 2/3 des produits classiques non bio, ne se retrouvent pas dans les produits bio.
Un rapport officiel du Department for Environment, Food and Rural Affairs (DEFRA) britannique confirme que la production de produits biologiques a moins d’impact sur l’environnement que la production conventionnelle moderne qui utilise utilisant engrais et pesticides. L’IFEN, Institut français de l’environnement, confirme l’intérêt de l’agriculture bio alors que plus de 96% des rivières et 61% des nappes d’eau souterraines sont contaminées. Or, comme le souligne l’Afsset, l’agence de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail, les pesticides qui se sont infiltrés vont mettre jusque 30 ans pour s’éliminer des sols !
Une étude de la revue Human Ecology le démontre : 2 morts sur 5 sont ont une cause environnementale. « Le changement climatique semble créer un environnement favorable à certaines maladies et à des vecteurs de maladie. [...] Les facteurs environnementaux, notamment les substances chimiques, l’exposition aux ultraviolets ou à des radiations ionisantes, le tabac et la fumée de cuisson contribuent à 75% de tous les cancers. »(1)
Dans un contexte où les polluants sont partout, y compris dans nos logements et notre alimentation, cette étude renforce la nécessité de lutter contre la pollution environnementale. Exemple : l’utilisation de pesticides. On en consomme 3 millions de tonnes par an dans le monde et la France en est un gros consommateur.
Le bio est-il meilleur ?
Evidemment ! direz vous. Et bien sûr, la question est un peu bizarre, mais elle intéresse les chercheurs.
Le bio n’est pas pire ni meilleur que l’alimentation traditionnelle ; il offre les mêmes qualités nutritionnelles et parfois même un meilleur goût. Autre manière de le dire : en soi, les normes du bio ne garantissent pas forcément un gain pour la santé.
Cela signifie que l’absence rigoureuse de pesticides et de phytosanitaires, bénéfiques à la nature, n’implique pas par elle-même la qualité sanitaire des aliments. En effet, certaines études, contestées d’ailleurs, montreraient qu’au contraire, les aliments bio seraient beaucoup moins sains que les produits traditionnels !
Une étude italienne portant sur 6 catégories d’aliments (biscottes, lait, confitures, yaourts, céréales pour petit déjeuner, biscuits) et une autre étude sur les matières premières (tomates, courgettes, céréales bio) montre qu’elles ne sont pas meilleures que leurs correspondants classiques.
Cette même étude souligne que les produits Bio ne sont pas protégés des maux de l’alimentation moderne : trop de graisses, de d’additifs, de sel, de sucres… Les graisses souvent faites à partir de palmes ou de coco sont de médiocre qualité et se retrouvent par exemple dans les biscuits bio. Les yaourts bio recèlent eux aussi, et parfois plus que la moyenne, des ingrédients peu naturels : épaississants, colorants, arômes, gélifiants…
L’absence de pesticides et de phytosanitaires sur les aliments bio a un prix : le débat tourne autour de la présence ou non des mycotoxines , qui sont habituellement éliminés des aliments non bio par des anti-fongicides chimiques. Un test mené par la grande association de consommateurs italienne Alterconsumo a trouvé un niveau de mycotoxines supérieur à 10 fois les normes autorisées dans des lots de céréales bio.
Pour être complet il faut noter que tout le monde n’est pas d’accord sur ce point : le fait que les aliments bio, non traités, sont plus enclins à développer des mycotoxines est fortement contesté. Un rapport 290703 de l’AFSSA relatif à l’agriculture biologique souligne au contraire que les fongicides ne sont pas une assurance contre l’apparition de mycotoxines dans un stock de céréales. Le fait que le bio favorise les mycotoxines ne serait donc qu’une rumeur…
Par ailleurs, l’AFSSA note que les risques de contamination par les métaux lourds des produits bio et non bio ne sont pas équivalents. Grâce au fait que l’attribution du label bio impose une période préalable de conversion des terres de 3 ans minimum, et interdit l’épandage de boues de station d’épuration, les métaux lourds seraient moins présents. L’AFSSA conclut que les études disponibles ne permettent pas encore de trancher de façon officielle.
Le bio est-il vraiment meilleur pour la santé ?
Le débat on le voit est très ouvert. D’autant plus que la question est complexe, et que les études épidémiologiques et toxicologiques nécessaires n’ont pas été menées à grande échelle. Les scientifiques se basent donc sur des faisceaux d’indices et recoupent des études pour avoir une vue globale du sujet. L’essentiel du danger sanitaire dû à l’alimentation, n’est plus aujourd’hui d’ordre microbiologique ; il est toxicologique. Or, la toxicologie, tout comme l’épidémiologie, sont des domaines où il est complexe d’obtenir des preuves et sont donc des disciplines plutôt délaissées en France.
Plusieurs personnalités, dont le très connu cancérologue David Servan-Schreiber ou encore Geneviève Barbier dans son ouvrage « La société cancérigène », le professeur Joyeux de Montpellier, préfèrent les produits bio car l’agriculture moderne – non bio – fait une grande consommation de produits phytosanitaires et de synthèse. Or certains de ces produits sont des cancérigènes certains ou probables, et d’autres sont considérés comme de perturbateurs endocriniens ou comme des neurotoxiques par l’Union Européenne et/ou par des agences nationales et internationales.
> Le professeur Jean-Michel LECERF, nutritionniste à l’Institut Pasteur de Lille, voit deux raisons majeures pour justifier le choix de l’alimentation bio au regard des préoccupations de santé. Tout d’abord du fait des micro nutriments apportés par les fruits et légumes bio, et d’autre part, du fait des teneurs très significativement inférieures en résidus polluants dans ces produits bio.
> Luc Montagnier, découvreur du virus du Sida, souligne l’importance des anti-oxydants, présents en grande quantité dans les produits bio, dans un contexte où le cancer se banalise à une grande échelle, notamment en France.
Conclusion sur le bio ?
Déterminer si le bio est meilleur ou pas est très complexe. Il semble clair qu’acheter bio est un choix environnemental, voire éthique ou politique. Acheter des aliments BIO, et des produits bio en général, permet de ne pas s’exposer aux multiples effets toxiques des milliers de produits chimiques ou non naturels (aluminium, zinc, …) que contiennent les produits modernes industriels ou de synthèse.
En revanche, il ne faut pas justifier un choix du BIO par des arguments nutritionnels ou sanitaires. En effet, on ne peut prouver que le bio est plus sain que le non bio – et d’ailleurs, on ne peut pas dire le contraire non plus.Le bio est parfois contesté car il entraîne des rendements qui sont inférieurs à l’agriculture non bio ; ce qui fait douter certains de sa capacité à nourrir la planète dans un contexte de croissance démographique (9 milliards de terriens prévus en 2050).
En revanche, le bio est souvent produit de manière plus locale et respecte l’environnement et ce n’est pas non plus pour rien que des organismes comme la FAO le plébiscite à un niveau mondial.
(1) Human Ecology, décembre 2007, par David Pimentel, professeur en écologie et en agronomie, et des étudiants de l’université de Cornell